Des étudiantes du Mans témoignent : « Notre vie est figée »

Depuis octobre 2020, plus de 2 000 étudiants de l’Université du Mans se retrouvent à suivre des cours à distance. Le 14 janvier 2021, le gouvernement a décidé que les Universités peuvent rouvrir pour les Travaux Dirigés (TD) en demi-groupes pour les premières années, à compter du lundi 25 janvier. Quatre étudiantes racontent leurs doutes et leur quotidien difficile depuis la mise en place du distanciel. 

« La concentration ne peut pas être à 100%. »

Marine : « Je vais bien, je suis quelqu’un de solitaire. C’est une période de stress entre le distanciel et les partiels. Certains profs ne font pas de visioconférence et envoient seulement le cours, ce qui rend le travail à distance difficile.

Pour la visioconférence, nous ne pouvons pas avoir de véritable environnements de travail, la concentration ne peut pas être à 100%.

Les TD en présentiel et les CM (cours magistraux) en distanciel ne sont pas une solution. Nous devons changer de distanciel à présentiel en très peu de temps. Ça chamboule notre organisation et ça provoque encore plus de stress. »

 

« J’ai hâte de pouvoir reprendre mon ancienne vie »

Tess : « Lors du premier confinement, nous n’avons pas pu dire au revoir à nos amis en terminale. Maintenant, nous ne pouvons pas faire de nouvelles rencontres à l’université. Je vis dans un appartement, je dors, je mange et je travaille au même endroit. Je persévère, mes études sont primordiales. Je garde contact avec mes parents le plus possible. Mon compagnon vit avec moi, ce qui m’aide à garder le moral. Je n’arrive plus à me projeter, les études font de nous les prochains adultes de la société, mais nous ne pouvons pas nous projeter hors du Covid, ce qui démotive. J’ai hâte de pouvoir reprendre mon ancienne vie, voir mes amis et ma famille. Les mois passent, mais notre vie reste figée. »

« Nous sommes laissées livrées à nous-mêmes. »

Alison : « J’ai l’impression que nous sommes laissés livrées à nous-mêmes. Certains enseignants restent présents et nous proposent de l’aide. Le personnel de l’université se donne du mal, mais on est quand même seuls. C’est compliqué de rester devant un écran toute une journée, de devoir se motiver pour travailler.

Depuis septembre, j’avais du mal avec la fac. Je me posais déjà des questions. Le confinement m’a aidé à savoir que je n’avais pas trouvé ma voie. Je pense ne pas être la seule à penser sérieusement à une réorientation, malheureusement. »

 

« Le distanciel parait idéal , mais c’est faux. »

Pauline : « C’est difficile pour tous les étudiants, les enseignants et le personnel de l’université. Le gouvernement évoque une reprise partiel en présentiel pour les premières années. Mais qu’en est-il des autres ? Je pense que nous sommes le cadet de leurs soucis. Depuis octobre 2020, nous sommes en distanciel. Une pause s’est établie entre le monde extérieur et les étudiants. Je pense à ceux qui ne sont pas avec leurs parents, ceux qui ont dû rendre leurs appartements, ceux qui n’ont plus d’aides, plus de job étudiant. Je peux me sentir optimiste et par la suite, j’ai envie de tout arrêter par manque de motivation, par peur et par anxiété. Comme beaucoup d’étudiants, je veux retourner à l’université. Au début, le distanciel parait idéal, mais c’est faux. La solitude pèse sur notre moral. »

Propos recueillis par Cécile BUCHET.

Photos: Cécile Buchet.

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