La Vagabonde de Colette : le récit d’une femme libre

La Vagabonde (1910) raconte l’itinéraire d’une femme indépendante au début du XXe siècle. Dans ce récit très personnel, Colette s’inspire de sa propre expérience pour créer l’histoire de son héroïne, Renée Néré. La romancière signe une œuvre majeure et pionnière dans l’histoire de l’émancipation des femmes.

Divorcée depuis quelques années d’Adolphe Taillandy, époux tyrannique et volage, Renée cherche à se reconstruire. Elle vit seule et, pour subvenir à ses besoins, joue dans une troupe brillante, mais misérable, de Music-hall. Elle accepte de n’être vue et observée que pour son corps lors des spectacles, et n’a d’autres choix que de vivre dans un sombre et minuscule appartement parisien. Sa chance pour s’extirper de ce triste univers survient lorsqu’un homme épris d’elle lui propose de partager son immense fortune. Mais Renée fait tout pour ne pas retomber dans le piège du mariage. Avide de sa liberté retrouvée, elle n’est pas prête à l’abandonner à nouveau.

Je m’échappe, mais je ne suis pas quitte encore de toi, je le sais. Vagabonde, et libre, je souhaiterai parfois l’ombre de tes murs…

Entre sa peur de la solitude et sa terreur d’être à nouveau soumise à un mari, Colette décrit son conflit intérieur d’une plume majestueuse. Devenue une vagabonde, allant de villes en villes, découvrant de nouveaux pays avec sa troupe pour donner des concerts pour divertir des spectateurs, elle est en quête d’épanouissement personnel. Se révoltant contre le patriarcat et le mariage où le rôle de la femme devient utilitaire, elle se bat pour pouvoir vivre comme elle l’entend en prenant son destin en main.

À cette époque, les femmes dépendent d’un homme : placées sous leur tutelle, elles ont besoin de leur accord pour travailler, ouvrir un compte en banque… Colette prouve qu’il est possible d’être une femme et de vivre seule. Elle préfère, et de loin, être maître de ses propres décisions que de retomber amoureuse et risquer de vivre à nouveau avec un homme, et d’en dépendre.

Jeanne BEAUDOIN.

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