Faut-il lire le Goncourt 2018 ?

 Couronné par le Prix Goncourt début novembre, « Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu est un roman de correcte facture mais très inégal. Une déception.

Le roman s’articule autour de quatre étés, entre 1992 et 1998, et dresse le portrait d’adolescents prisonniers de leur ville désindustrialisée. Même si l’idée de mettre en lumière une partie de la population éloignée de la mondialisation est louable, le texte se révèle cruellement inégal. Ainsi, la première partie ne convainc pas à cause de dialogues maladroits qui surjouent de manière trop artificielle le langage « jeune ».

Mais ensuite, l’intensité romanesque se déploie car Nicolas Mathieu parvient à évoquer très justement l’éveil du désir amoureux et la soif de liberté de ces personnages qui veulent à tout prix échapper au déterminisme social (notamment Stéphanie, dotée d’une vraie profondeur).

Une œuvre déséquilibrée

« Leurs enfants après eux » est un bon roman, mais méritait-t-il tant d’éloges et de critiques dithyrambiques ? Peut-être pas. Le vernis « social et politique » ne résiste pas totalement face à la faiblesse littéraire du texte. L’auteur se contente de rester à la surface des choses et ne va pas très loin dans sa réflexion. Il est en revanche bien plus talentueux pour dépeindre la psyché d’adolescents désabusés.

Nous nous retrouvons donc face à une œuvre déséquilibrée et qui n’arrive pas à la hauteur du magnifique « Tout homme est une nuit » de Lydie Salvayre, un livre puissant sur ces territoires abandonnés.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.

« Leurs enfants après eux », Actes Sud (430 pages).
« Tout homme est une nuit », Seuil (250 pages).

Photo : DR.

 

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